Une « priorité ». C’est en ces termes que Grégory Emery, Directeur général de la Santé, s’est exprimé le 3 septembre pour évoquer l’épidémie de mpox, déclarée « urgence de santé publique de portée internationale » par l’OMS le 14 août dernier. En cause : « L’émergence » d’une nouvelle souche (le clade 2 et ses variantes), sa « propagation rapide » dans l’est de la République démocratique du Congo et « la notification de cas dans plusieurs pays voisins », avait justifié l’organisation internationale. Une situation jugée « très préoccupante » à laquelle s’ajoute la circulation d’autres souches (le clade 1 et ses variantes) en Afrique, et qui appelle à « une action internationale coordonnée ».
Clades 1 & 2
Dans ce contexte, les autorités sanitaires françaises ont décidé de renforcer la stratégie vaccinale de lutte contre le virus, en se basant sur les recommandations fraîchement actualisées de la HAS (2). De fait, si « aujourd’hui en France, aucune contamination par le clade 1 n’a été recensée », « des cas sporadiques pourraient survenir », a estimé Santé Publique France le 6 septembre. D’autant qu’un « premier cas de mpox de clade 1 a été détecté » en Europe (Suède) le 15 août. Quant au clade 2, « 143 cas d’infection » ont été signalés dans l’Hexagone depuis le début de l’année.
Les recommandations concernent les personnes à haut risque d’exposition au virus (3). « Il n’y a pas de préconisation particulière vis-à-vis des professionnels de santé », sauf pour ceux « qui se rendraient dans les pays où circule le virus », a précisé le DGS. Au quotidien, les gestes barrières et règles d’hygiène et d’aseptie classiques suffisent. En cas de contact avec un patient contaminé, une vaccination réactive peut être proposée (idéalement et au plus tard dans les 14 jours).
Contacts étroits
Le virus se transmet principalement par contact étroit. Après une période d’incubation de 5 à 21 jours, le patient développe une éruption cutanée en région ano-génitale ou au niveau de la muqueuse buccale, voire sur d’autres parties du corps, « dont les paumes des mains, les plantes des pieds, le visage ou le cuir chevelu », précise le ministère de la Santé. Les lésions, qui apparaissent en une seule poussée, passent par différents stades successifs : macule, papule, vésicule, pustule puis croûte. Les autres muqueuses (ORL, conjonctives) peuvent également être concernées. De plus, « une fièvre, des céphalées, des douleurs musculaires, une odynophagie, une asthénie, une polyadénopathie cervicale et/ou inguinale » peuvent se manifester et « précéder l’éruption cutanée d’un à deux jours ». À noter que la personne est contagieuse dès l’apparition des premiers symptômes. Elle cesse de l’être lorsque les croûtes des lésions tombent. « La maladie dure généralement de 2 à 3 semaines », complète le ministère.
Déclaration obligatoire
Depuis mai 2022, la maladie est à déclaration obligatoire à l’ARS au même titre que les autres orthopoxviroses. Plus d’informations à destination des professionnels de santé sont disponibles sur sante.gouv.fr, rubrique « soins et maladies » puis « maladies vectorielles et zoonoses ». Une ligne téléphonique « Mpox info service » a également été mise en place, accessible gratuitement tous les jours de 8 h à 23 h, au 0 801 90 80 69.
Laura Chauveau
(1) Initialement connu sous le nom de « variole du singe » et « monkeypox ».
(2) La HAS recommande deux stratégies complémentaires : « l’une préventive pour les personnes non ou incomplètement vaccinées présentant un haut risque d’exposition au virus » et l’autre « réactive pour les personnes en contact avec des cas identifiés ».
(3) Les personnes ciblées par la vaccination préventive sont les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes ainsi que les personnes transgenres ayant des partenaires multiples, les travailleur(se)s du sexe, les professionnel.le.s des lieux de consommation sexuelle ainsi que leurs partenaires ou proches partageant le même lieu de vie.