CDF Mag : Comment est née l’idée des Jeudis de juin ?
Jacques Wemaere : URPS des chirurgiens-dentistes(1) en Nouvelle-Aquitaine, nous sommes l’interlocuteur clé de l’Agence régionale de santé sur les questions de promotion de la santé orale, de prévention et d’organisation des soins bucco-dentaires. Nous accompagnons également, au quotidien, les praticiens libéraux dans l’évolution de leur pratique professionnelle en organisant des temps d’échanges, des formations, des guides, enquêtes, vidéos… mis aussi en constituant des groupes de travail interprofessionnels (avec, par exemple, les sages-femmes pour améliorer la santé bucco-dentaire des femmes enceintes et des enfants à naître, les pharmaciens sur la gestion des urgences dentaires, etc.).Pour aller plus loin et réfléchir à notre exercice d’aujourd’hui comme de demain, nous avons souhaité aller à la rencontre des confrères dans les départements, le temps d’une journée. Nous avons ainsi organisé trois « Jeudis de juin » : le 13 à Bordeaux, le 20 à Moliets-et-Maa dans les Landes et, enfin, le 27 à Limoges.
Quel était le programme de ces rencontres ?
J.W. : Les matinées étaient consacrées aux discussions autour de nos conditions d’exercice pour partager nos ressentis et identifier des solutions concrètes qui facilitent notre quotidien, permettent de mieux organiser notre temps de travail et de concilier au mieux notre vie personnelle et professionnelle… Les après-midi étaient réservés à des ateliers autour de quatre thèmes : le bien-être et la qualité de vie au travail, la place des chirurgiens-dentistes dans le système de santé de demain, l’écoresponsabilité au cabinet dentaire ainsi que la gestion et le management des équipes au cabinet. L’idée était vraiment de prendre de la hauteur et de réfléchir à des sujets auxquels on ne pense pas nécessairement au jour le jour.
Le format a-t-il séduit ?
J.W. : Nous sommes contents car nous avons réuni, à chaque fois, 20 à 30 praticiens, de tout âge. Si certains sont arrivés, au début, en se demandant un peu pourquoi ils avaient fait le déplacement, force est de constater qu’ils ont fini par se prendre au jeu. Les débats étaient très vivants. Les esprits étaient très ouverts, y compris sur les thèmes les plus prospectifs. Certains confrères envisagent aujourd’hui de rejoindre leur Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS). Deux m’ont également, dans la foulée, contacté pour pouvoir continuer les discussions et les travaux à venir au sein de l’URPS, notamment sur l’écologie dans les cabinets dentaires. C’est très constructif et très encourageant !
Et pour l’URPS, quelle est la suite ?
J.W. : Ce type de journées permet de décentraliser les choses, de voir les problématiques sous un autre prisme pour alimenter les travaux des quinze élus de l’URPS – tous des praticiens libéraux en exercice – et des équipes permanentes autour de la prévention, l’offre de soins ou encore, les conditions d’exercice. Nous avons, entre autres, vu des praticiens parfois à fleur de peau, sous pression, qui exercent en zone sous-dotée et n’osent plus dire qu’ils sont chirurgiens-dentistes de peur d’être sollicités pour un rendez-vous alors que leur planning est archi-plein, qui culpabilisent de prendre un peu de temps pour eux et ont peur « d’abandonner » leurs patients, qui ont du mal à exercer dans de bonnes conditions… L’accès aux soins bucco-dentaires et la démographie professionnelle figurent parmi nos priorités d’action et nous travaillons avec l’ARS, les conseils de l’Ordre, les syndicats ou encore, les facultés pour trouver des solutions. Et, justement, ces échanges permettent d’alimenter nos réflexions et d’agir au mieux pour que les praticiens en exercice se sentent moins seuls. Il reste deux ans avant les prochaines élections aux URPS. Nous ferons tout pour, d’ici là, avancer sur l’ensemble de ces sujets !
Quelques chiffres
En Nouvelle-Aquitaine,
- seuls 3 praticiens sur 10 trouvent leur qualité de vie au travail satisfaisante
- 47 % des praticiens déclarent ne pas arriver à équilibrer les différents temps professionnels (temps de soin, de gestion, de management, de formation…)
- seul un quart des praticiens estime être des managers efficaces
Source : enquête de l’URPS CD NA menée en 2019, intitulée « Qualité de vie au travail des chirurgiens-dentistes libéraux en Nouvelle-Aquitaine » réalisée auprès de 573 chirurgiens-dentistes de la région.