L’incertitude, cet impôt invisible, plus lourd que l’IS et l’IR, ne taxe pas les bénéfices ni les revenus, il ampute l’espérance.
En ce début d’automne, le froid s’installe, les feuilles tombent et la France attend. Elle attend un gouvernement, elle attend une direction. Le pays n’est plus dirigé mais ne cesse d’être administré. Une administration qui persiste à le pousser dans le vide.
En ce 9 octobre 2025, la France est sans budget. Le délai du 13 octobre pour déposer le projet de loi de Finances publiques 2026 au Parlement est menacé. Un nouveau recours à une loi spéciale minimaliste sera alors obligatoire – comme début 2025. Le rollover du budget précédent signifie automatiquement un déficit entre 6,1 % et 6,4 % du PIB… et une année « blanche » (gel de la progression des dépenses publiques), qui sera plutôt une année noire (gel du barème des impôts, donc leur augmentation automatique du montant de l’inflation).
Nous sommes le 9 octobre 2025, tard dans la nuit, un calme règne sur la France. Le pays se repose enfin de l’agitation médiatique et des experts qui pullulent sur tous les plateaux télé. Un gouvernement mort-né a, sans le vouloir, apporté la solution ultime : l’évaporation. On nous promettait un « choc de simplification », on nous sert un vide… qui serait presque apaisant, s’il n’était pas prélude à la tempête. Les politiques s’évertuent dans l’art de la querelle pendant que l’économie réelle continue de tourner, la dette publique ne cesse de courir, l’inflation grignote le pouvoir d’achat et les agences de notation affûtent leurs crayons. Face à la tempête qui s’annonce, notre pays est désormais un navire sans capitaine ni cap, qui prend l’eau de toutes parts.
Et qui écope ? Toujours les mêmes. La France qui se lève-tôt, paie ses impôts et n’attend rien en retour, si ce n’est un peu de visibilité. Cette fameuse classe moyenne, dont les libéraux sont les premiers représentants et les solides piliers, est devenue la seule variable d’ajustement d’un État en faillite stratégique. Les professionnels libéraux savent d’expérience qu’ils sont la victime désignée de l’incertitude politique, celle sur le dos de laquelle on passe les accords contre nature et les reniements des choix rationnels.
Depuis plus de quarante ans, les politiques de tous bords ont réglé leurs querelles et aggravé les comptes de la Nation en se payant les travailleurs indépendants et les professionnels libéraux. La classe politique se dispute, les professionnels libéraux trinquent et contemplent, impuissants, la farce qui fait voler en éclats tous nos repères socio-économiques.
Comment pouvons-nous continuer à supporter cette farce lorsque l’incertitude est devenue la seule politique publique, le seul horizon ?
L’incertitude, cet impôt invisible, plus lourd que l’IS et l’IR, ne taxe pas les bénéfices ni les revenus, il ampute l’espérance.
En ce début d’automne, le budget de la Nation est un brouillon, la République est dans un épais brouillard, in tenebris.