« Le PLFSS 2026 cristallise cette ambiguïté : alors que les pouvoirs publics affichent une volonté d’améliorer l’accès aux soins pour tous, les moyens alloués et les mécanismes proposés s’affichent en totale contradiction avec cette ambition. »
La santé bucco-dentaire occupe une place paradoxale dans le paysage sanitaire français. Indispensable à la santé globale, elle reste pourtant souvent reléguée au second plan des priorités politiques et budgétaires. Le PLFSS 2026* cristallise cette ambiguïté. Alors que les pouvoirs publics affichent une volonté d’améliorer l’accès aux soins pour tous, les moyens alloués et les mécanismes proposés s’affichent en totale contradiction avec cette ambition.
Un test pour la crédibilité de la politique de santé
Ce déséquilibre n’est pas neutre. Il reflète une hiérarchie implicite dans notre système de santé, où les soins dentaires, perçus comme moins urgents, ou moins essentiels, que d’autres disciplines médicales, peinent à obtenir les ressources et la reconnaissance nécessaires. Résultat, les inégalités d’accès aux soins bucco-dentaires sont, aujourd’hui comme hier, socialement marquées. Les populations précaires, les plus touchées par les pathologies orales, sont ainsi, comme on nous le rappelle à l’envi, celles qui y renoncent le plus !
Un angle mort politique
Cette loi de financement, sans doute plus inspirée par les comptables de Bercy que par les objectifs de santé publique du ministère de la Santé, ne sort la santé orale de son angle mort que pour lui faire endosser des contraintes financières qui apparaissent toutes plus injustifiées les unes que les autres.
S’il était adopté en l’état, ce PLFSS confirmerait une approche court-termiste, avec une santé orale, une nouvelle fois, reléguée à la portion congrue. Dans ce scénario du pire, nous ne pourrions comprendre qu’une chose : la volonté de l’État est de se désengager de la santé orale. Cela aurait des répercussions durables sur la confiance des chirurgiens- dentistes et des patients dans le système de santé.
Un moment de vérité
Bien plus qu’un simple projet de loi : c’est donc un moment de vérité pour la politique de santé française. Les choix qui seront faits dans les semaines à venir révèleront si notre système est capable de dépasser les logiques comptables pour embrasser une vision stratégique de la santé.
Saurons-nous concilier maîtrise des dépenses et ambition sanitaire ? La balle est dans le camp du législateur qui doit donc entendre notre voix, celle au plus proche des patients.