L’Administration est éloignée du quotidien des soignants et incapable d’apporter des solutions efficaces à la banalisation des violences que nous subissons.

« Il faut être malade pour s’en prendre à un professionnel de santé » !* C’est le slogan de la campagne de sensibilisation contre les violences faites aux professionnels, lancée par le ministère de la Santé fin décembre 2023. Les praticiens sont invités à afficher des « visuels de communication » et utiliser sur les réseaux sociaux des « kits de campagne » censés dissuader les patients « malades » !

Ce jeu de mots, pour le moins maladroit, et qui n’a probablement fait sourire que ses concepteurs, montre à quel point l’Administration est éloignée du quotidien des soignants et incapable d’apporter des solutions efficaces à la banalisation des violences que nous subissons.

Selon le ministère, les violences contre les professionnels de santé auraient augmenté de 20% en 2021 et 2022. Ces chiffres de l’Observatoire national des violences en santé (ONVS) concernent les seuls signalements collectés par cette plateforme. Ils sont sous-évalués, de très nombreuses victimes rechignant à faire cette déclaration qui n’a aucune finalité sinon statistique2. Souvent, on ne perd pas son temps avec l’ONVS lorsqu’il faut délaisser un cabinet bondé de « malades » pendant au moins une demi-journée pour déposer plainte à la police ou à la gendarmerie, autre « service public saturé »…

Le plus grave dans la formulation retenue par les « communicateurs » du ministère, est qu’elle porte en soi un jugement moral à afficher dans nos espaces de travail, faisant apparaître l’image du « mauvais » patient (le « malade »). C’est la tendance très fâcheuse mais désormais habituelle de culpabiliser les citoyens concernés lorsque les pouvoirs publics sont incapables de trouver des solutions adéquates à des problèmes concrets.

Car en dehors de la tendance générale d’une recrudescence des violences touchant toute la société, la pénurie de soignants apparaît comme la principale cause de la multiplication des violences ces dernières années dans tous les lieux d’exercice des professionnels de santé (urgences hospitalières ou cabinet de ville).

Ainsi, pour traiter les difficultés d’accès aux soins dont ne sont responsables ni les professionnels ni les patients, l’Administration choisit de lancer une campagne d’information centrée sur le patient « malade » ! Jusque-là, seuls les professionnels de santé étaient ciblés par des politiques sanitaires démagogiques, qui les rendaient responsables de la pénurie et « nourrissaient la grogne des Français contre leurs soignants et les désignaient comme cibles…! »3

Aujourd’hui, l’Administration cible les patients et nous demande d’être les vecteurs de ses communicateurs…

Que nenni ! 

Marc Sabek

1er vice-président 

*https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/affiche_a3_violences_gp_accueil_hd-2.pdf

2. Désormais, pour les professions à Ordre, celui-ci aura également connaissance du signalement. Mais que fera l’Ordre de l’information et comment pourra-t-il rem-placer l’État pour garantir les droits des victimes ?

3. Sabek M., Blouse blanche, cible… et servitudes, CDF MAG 2034-2035 du 22-29 juin 2023, p. 1.

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