La directive relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles au sein de l’UE a été adoptée en 2005 et révisée en 2013. Elle fixe les conditions de la reconnaissance automatique des diplômes de chirurgien-dentiste d’un pays à l’autre au sein de l’UE. Son article 34 mentionne que « la formation de base de praticien de l’art dentaire comprend au total au moins cinq années d’études » au sein d’un « établissement d’enseignement supérieur d’un niveau reconnu comme équivalent ou sous la surveillance d’une université », représentant « au moins 5 000 heures de formation théorique et pratique à temps plein ». Véronique Pellegrain, avocate-conseil des CDF et du CED rappelle que cette dernière précision a été obtenue de haute lutte en 2013 « pour éviter certaines dérives, telles que des formations proposées uniquement le week-end. Nous avons dû faire du forcing mais nous avons fini par obtenir le soutien du Parlement européen ».
Aujourd’hui, l’annexe V de la directive indique seulement une liste de matières que les étudiants doivent aborder durant leur cursus, sans nombre d’heures dédiées : biochimie, biologie, microbiologie, histologie et cytologie… « Au CED, nous militons pour que les matières décrites soient précisées : “biochimie et biologie moléculaire“ au lieu de “biochimie“ seulement, “biologie et génétique“, “microbiologie et immunologie“, “histologie et biologie cellulaire », précise Véronique Pellegrain. « Nous sommes également favorables à l’ajout de plusieurs domaines, tels que les soins médicaux d’urgence, la gestion d’un cabinet dentaire, l’ergonomie dentaire, l’odontostomatologie légale… et, surtout, à la définition d’une liste de compétences attendues pour les futurs praticiens. »
Pour l’heure, le projet de révision ne prévoit pas une telle liste d’aptitudes mais ajoute des domaines essentiels comme l’implantologie, la gérodontologie, la santé publique dentaire, la génétique et génomique, l’immunologie, la médecine/dentisterie régénératrice et technologies numériques en dentisterie. Le document ne va pas non plus assez loin sur le plan de la formation clinique et n’impose qu’une « expérience clinique appropriée sous supervision adéquate ». Pour le CED, « cette formation clinique doit être obligatoire, détaillée et incluse dans la formation initiale », rappelle l’avocate, qui ajoute que certains ordres « constatent d’ores et déjà des lacunes dans la formation initiale de certains jeunes praticiens formés dans certains établissements à l’étranger ». Et « s’il n’y a, par chance, pas de drame sanitaire à déplorer à ce jour », encore faudrait-il ne pas attendre que ce soit le cas.
« Le combat continue », assure Maître Pellegrain.