Alors que les débats sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) et la proposition de loi Daubet animent l’Assemblée nationale et le Sénat, la santé orale se retrouve au coeur d’un paradoxe : d’un côté, des avancées symboliques comme la création d’un assistant en santé bucco-dentaire qui vise enfin à achever le parcours législatif de l’assistant dentaire de niveau 2, et de l’autre, des reculs inquiétants parmi une flopée de mesures restrictives débattues pour ce PLFSS. Entre défis structurels et réformes cosmétiques, le système de santé orchestré par nos députés et sénateurs semble incapable de concilier ambition sanitaire et rigueur budgétaire.
Le PLFSS 2026, issu des débats à l’Assemblée, demeure en l’état un texte dangereux, non pas seulement pour son contenu, mais pour sa méthode d’élaboration qui marginalise les partenaires sociaux et les professionnels en signant un affaiblissement du dialogue social, supplanté par des décisions technocratiques et financières.
Un projet de loi symptomatique d’un système de santé à bout de souffle
Le PLFSS n’est pas qu’un simple exercice comptable. Mais cette année, plus que tout autre, il incarne une dérive qui menace l’équilibre même de notre système de santé. Comme le dénoncent les Libéraux de Santé (LDS), dans une tribune publiée dans Les Échos, ce texte marque un “basculement vers le pouvoir administratif”, où les décisions sont prises sans concertation, au mépris de l’écoute des réalités du terrain.
Car derrière les chiffres et les économies annoncés se cache une remise en cause profonde de notre modèle de protection sociale. Pourtant, c’est bien dans les cabinets libéraux que se joue, au quotidien, l’accès aux soins pour des millions de Français. Comment expliquer que les chirurgiens-dentistes, comme les autres libéraux, soient une nouvelle fois les variables d’ajustement d’un budget en crise ?
Le coeur du problème ne réside pas seulement dans les économies réalisées, mais dans la manière dont elles sont décidées. Comme le soulignent les Libéraux de Santé, le PLFSS 2026 affaiblit le système conventionnel, qui repose sur la négociation entre l’Assurance maladie et les représentants des professionnels de santé. Ce modèle conventionnel, bien qu’imparfait, a permis pendant des décennies d’assurer un équilibre entre accès aux soins, qualité des prestations et maîtrise des dépenses. Affaiblir ce système, comme le propose l’Assemblée nationale au profit d’une Administration toute-puissante, déconnectée des besoins des patients et de ceux qui les soignent, reflète une logique court-termiste, où l’urgence budgétaire prime sur toute vision stratégique.
La santé bucco-dentaire n’est pas une dépense. C’est un investissement. Il est temps d’écouter les soignants et les patients-citoyens, pour construire ensemble une politique de santé ambitieuse, solidaire et démocratique.