CDF Mag : Comment avez-vous élaboré le programme scientifique de cette édition 2024 ?
Nicolas Lehmann : C’est un travail mené en équipe avec un comité scientifique composé d’universitaires et de praticiens libéraux. Ce sont des hommes et des femmes particulièrement motivés par le challenge et avec lesquels j’avais déjà eu l’opportunité de travailler. Nous avions beaucoup de liberté pour imaginer ce programme que j’ai souhaité tourner vers l’omnipratique et le quotidien du praticien. Le ton sera donné dès le mercredi matin, avec une séance phare inédite où les dix experts du comité scientifique proposeront une conférence sous la forme d’une journée au cabinet. À travers cette mise en scène, ils répondront de manière concise et pratique à des problématiques du type dépistage de l’apnée du sommeil, motivation du patient pour le brossage dentaire, le collage de facettes, les greffes…
Cette séance phare comporte une première partie consacrée à l’intelligence artificielle (IA). Qu’est-ce qui a guidé le choix de cette thématique ?
N. L. : C’est un sujet d’actualité devenu incontournable, notamment pour le monde de la santé. Qu’en est-il pour la médecine dentaire, où l’IA est déjà utilisée notamment pour les radios ou en dermatologie buccale ? Comment l’appréhender ? Les outils sont-ils fiables ? Beaucoup de praticiens s’interrogent notamment sur le plan éthique par rapport à nos patients, aux données de santé. Nous avons fait appel à David Gruson, expert reconnu du sujet, pour nous éclairer et répondre aux questions du public. Tout au long du Congrès, des séances seront proposées sur le thème de l’IA, notamment sur l’utilisation plus spécifique de certains logiciels.
Y aura-t-il d’autres nouveautés au programme ?
N. L. : Nous proposons des séances 100 % vidéo, un support qui apportera une dynamique différente de celle des diaporamas ou des cas présentés sur des patients lors des conférences. À travers cette proposition, nous essayons également de nous adapter aux nouvelles pratiques des confrères, dont un bon nombre se forme aujourd’hui de cette manière. Il est toujours intéressant d’expérimenter et de faire évoluer les formats et outils pédagogiques. Dans le même esprit, quatre cycles de formation sous une forme inédite sont proposés. Ces cycles de 6 h se déroulent sur une journée et abordent un thème particulier. Nous avons retenu les facettes, les aligneurs, la préservation de la vitalité pulpaire et la parodontologie. Il y aura de la théorie sous forme de conférences mais également des enseignements dirigés, soit sous la forme de démonstrations en direct sur des patients, soit par de la manipulation. De cette manière, les participants pourront voir avec précision les gestes techniques et repartir avec des solutions pratiques.
Des incontournables ?
N. L. : Difficile de choisir ! Au-delà de la séance phare, les séances internationales qui seront au nombre de 21, vont accueillir de très grands noms de la chirurgie dentaire, notamment l’Américain Joseph Kan, référence mondiale en matière d’implantologie chirurgicale et prothétique ! Il y aura également le Suisse Anton Sculean, élu, pour la deuxième année consécutive, meilleur parodontologiste du monde, ou encore le Brésilien Victor Clavijo, grand spécialiste en dentisterie restauratrice. De nombreux sujets d’actualité seront également proposés comme, par exemple, une battle « Chirurgie implantaire : guider versus naviguer » ou des séances sur le composite injecté, la régénération pulpaire ou encore les nouvelles recommandations pour les patients à haut risque d’endocardite infectieuse.
Plusieurs séances sont dédiées à la relation au patient. Là aussi, les têtes d’affiche sont de mise, avec notamment Albert Moukheiber, docteur en neurosciences cognitives…
N. L. : En effet. Peu de formations abordent cette thématique qui questionne pourtant de nombreux praticiens. Une séance sera donc consacrée à la manière d’améliorer ses compétences relationnelles au cabinet dentaire. Le Dr Moukheiber interviendra notamment sur la cognition sociale, une compétence essentielle pour les professionnels de santé. Il sera également question de la communication au coeur d’une relation de soin avec le Dr Dritsch et de la place du soignant dans un système de santé en mouvement avec le Pr Jean-Noël Vergnes. Une séance intitulée « Comprendre la nouvelle génération pour mieux la soigner » est au programme. Il y a une vraie demande de la profession sur les sujets d’odontologie pédiatrique auxquels nous ne sommes pas assez formés. Nous sommes face à des générations dont les moeurs, notamment sur le genre, changent. La profession n’évolue pas en dehors de la société et doit appréhender ses transformations.
Informations pratiques
Le Congrès international de l’ADF se tiendra au Palais des Congrès de Paris, du mardi 26 à 14 h au samedi 30 novembre à 12 h. Tous les détails pratiques, de même que l’intégralité du programme scientifique, sont à retrouver sur le site de l’ADF : https://adfcongres.com