Au « rayon » des fauteuils dentaires, les solutions sont variées. « Chaque marque présente une déclinaison de modèles et de spécificités : pneumatique, hydraulique ou à moto-réducteurs, avec ou sans crachoir, ambidextre ou classique, à carts (intégrés ou indépendants) ou avec tablette instruments sur unit, transthoraciques ou cordons pendants, sur pied ou suspendu, avec groupe hydrique sur colonne ou solidaire du fauteuil, à multiples fonctionnalités et technologies embarquées ou plus épurés… Le choix s’effectue en fonction de la manière dont les praticiens souhaitent travailler et de la configuration de leur cabinet », détaille David Gourdy, président de la société distributrice WOD Omnium Dentaire. Elles jouent aussi sur la matière du revêtement (vinyle tissé, simili-cuir, polycarbonate…), la couleur de la sellerie, de la surpiqûre et de l’armature, l’ajout de motifs pour l’odontopédiatrie, l’apposition d’un logo… et, au-delà de l’aspect esthétique, le hyper high-tech. Certains modèles prévoient ainsi la possibilité « de contrôler toutes les fonctions de l’unit et des instruments via un tableau de bord tactile et personnalisable », d’effectuer « un grand nombre de pré-réglages des instruments, de la position du fauteuil ou encore, de la direction et de l’intensité de l’éclairage » voire, comme l’évoque Lucie Rouleau, directrice générale de l’entreprise Airel, « de s’interconnecter aux autres applications logicielles du cabinet, à condition, bien sûr, d’avoir un environnement numérique homogène ».
Au service de la performance et de l’efficience
« Éviter les temps morts : la perte de temps et d’énergie » pendant et entre les actes. Pour Benoît Cauche, « plus le praticien et son équipe sont concentrés, plus les gestes sont réalisés rapidement ». Un enjeu pour la rentabilité et pour répondre aux besoins de soins, dans un contexte de pénurie accrue de praticiens. Cela passe par la robotisation, le recours à l’intelligence artificielle, le perfectionnement continu de l’imagerie… mais aussi l’amélioration de l’ergonomie et de l’organisation du travail ! Un environnement de travail bien pensé, flexible voire organisé de manière « circulaire » avec des stations de travail à 360° est un vrai « plus » au quotidien.
Des fauteuils plus « connectés »…
Les fauteuils ultra-connectés permettent également aux cabinets et à leur partenaire en charge de la maintenance d’avoir « en permanence et en temps réel une vision globale de leur parc », complète David Gourdy. L’intérêt est multiple. Par exemple : « Monitorer le temps d’utilisation de chacun des fauteuils pour procéder éventuellement à un rééquilibrage et préserver leur longévité » et avoir « une vision fine du type d’actes réalisés et de l’activité du cabinet ». Autre « plus » : « Recevoir des alertes en cas d’anomalie ou de risque de défaillance » afin de planifier une mise à jour informatique ou une intervention technique rapide. « Avec l’essor des cabinets de groupe et/ou de la logique de gestion de plus en plus entrepreneuriale des praticiens, cela sera, je pense, de plus en plus répandu », prévoit le président de WOD Omnium Dentaire.
Lucie Rouleau confirme. « Nous travaillons d’ores et déjà sur ce volet, pointe-t-elle. Cela permet de mieux anticiper les pannes, de sécuriser la sauvegarde des données et la connexion des outils… et réduit considérablement le risque, pour les praticiens, d’avoir à travailler en mode dégradé. Quant aux fabricants, cela leur permet de connaître à l’avance la pièce ou l’intervention requise afin d’optimiser leur déplacement. » En outre, un matériel bien géré et bien entretenu dure plus longtemps, rappelle-t-elle, ce qui constitue un avantage économique… mais aussi écologique, à l’heure où les enjeux de responsabilité sociale et environnementale sont de plus en plus prégnants (lire ci-après).
… voire « intelligents » ?
L’avenir ouvre la voie à plus de digitalisation… mais à bon escient, insiste Audrey Gaudart, cheffe de produits pour Dentsply Sirona France, Belgique et Luxembourg. « La digitalisation doit être au service du traitement : elle doit servir la performance », pointe-t-elle, excluant l’idée d’« ajouter de la technologie pour ajouter de la technologie », car l’objectif est aussi de faciliter la vie du praticien. « Aujourd’hui certains fauteuils, connectés à un cloud, bénéficient automatiquement des mises à jour logicielles, par exemple, précise-t-elle. Chaque praticien peut également créer son profil via un écran tactile, commander la position du fauteuil, le scialytique ou encore le logiciel de gestion d’images et conserver ses réglages en mémoire. Grâce à ces gestes en moins, le praticien gagne en temps et en confort. » À noter que sur certains modèles, des capteurs facilitent l’ajustement de la position du fauteuil pour améliorer l’installation du patient et son traitement. Il est également possible d’associer l’enregistrement d’une position spécifique à un patient pour ses rendez-vous suivants ! À terme, l’essor de la commande vocale, qui évite le contact physique avec la console ou les commandes intégrées devrait s’accentuer, prédit Audrey Gaudart.
Éloge de la simplicité
Il existe également une demande qui « reste et restera assez forte », comme actuellement aux États-Unis, de « fauteuils assez minimalistes et simples d’usage », note Benoît Cauche, directeur général d’Eurotec Dental. Des équipements « performants sans pour autant être ultra-informatisés et ultra-connectés », autour desquels les praticiens choisissent l’environnement et les technologies qui leur conviennent (scanner intra-oral, panoramique, laser, logiciels et imprimante 3D…). L’avantage est de « répondre aux besoins des praticiens, de s’adapter à leur type d’exercice et de proposer des configurations sur mesure », insiste-t-il. Selon lui, l’avenir est aussi aux équipements « totalement adaptables et personnalisables par blocs ». Son entreprise propose d’ailleurs d’ores et déjà sept solutions d’units différentes, huit solutions de bras d’éclairage, etc. Une modularité qui permet de faire face aux cycles de vie différents des solutions. « Le renouvellement d’un fauteuil (hors turbines) s’effectue, en moyenne, tous les treize ans ; les outils informatiques, eux, sont quasi obsolètes au bout de trois ans seulement », pointe-t-il.
Ce désir de simplicité « rejoint plusieurs retours que nous recevons du terrain, confirme Lucie Rouleau, DG d’Airel. De nombreux praticiens souhaitent un modèle de qualité, efficace, compact, fluide, silencieux, plus léger, ergonomique, avec des systèmes d’hygiène à la pointe tout en restant simple et intuitif », leur permettant « d’exercer dans les meilleures conditions, sans toutefois avoir à consacrer du temps à se former à leur utilisation ».
Avec ou sans crachoir ?
Les fabricants sont unanimes, la tendance, accentuée par la crise Covid, est à la suppression des crachoirs. « Actuellement, 80 % des fauteuils que nous vendons n’en possèdent pas », calcule Benoît Cauche, directeur général d’Eurotec Dental. Plus hygiénique, plus écologique puisque moins consommatrice d’eau, la solution est également plus épurée.