Le soleil était fort timide lorsque le jeudi midi, les 250 participants aux 8es universités d’été des CDF sont arrivés à Cap Estérel. Une fois les valises déposées et un premier repas pris au bord de la piscine, ils ont découvert la grande salle de conférence, théâtre deux jours durant de 6 tables rondes, de deux plaidoyers et d’un carrefour politique.
La principale réussite de ces traditionnelles rencontres des CDF est l’ouverture aux positions contradictoires, à la controverse argumentée et surtout à l’idée que discuter ne vise pas à imposer mais à construire une solution riche des apports de chacun. En témoigne le thème de cette année dont l’ambition était d’entendre ce que les universitaires, les étudiants, les praticiens libéraux et leurs représentants pensaient de la réforme des études et de la création ou non de nouvelles spécialités. Pas besoin d’être Nostradamus pour savoir que réunir tout ce monde dans une même pièce allait révéler des positions discordantes ! Et ce fut le cas pour le bonheur de tous, car la libre parole a permis des échanges courtois mais fermes et parfois teintés d’humour qui ont conduit chacun à travailler ensuite ses arguments en profondeur, pour défricher de nouvelles voies.
Un programme didactique
Lors de son allocution d’ouverture, Pierre-Olivier Donnat, président des CDF, a présenté et remercié les professeurs Sibylle Vital, présidente de la coordination nationale des collèges des enseignants en odontologie et Vianney Descroix, président de la conférence des doyens, avec qui le programme de ces trois jours a été bâti. Chacun ayant pris la parole, la journaliste Dorothée Kristy, en charge de l’animation des débats, a lancé la première table ronde sur l’odontologie générale. Les doyens, vice-doyens ou enseignants de Lyon, de Rennes, de Toulouse et d’Amiens, de Saint-Brieuc et autres lieux ont fait face à Elodie Kwiatkowski, représentante des étudiants, d’Ulysse Robert pour les internes en odontologie et de Catherine Mojaïsky, pour les CDF. L’idée d’un diplôme d’études spécialisées (DES) en odontologie générale a été défendue comme le contraires ont soufflé dans la salle… Le véritable consensus s’est fait sur la nécessité de réforme des études en odontologie, thème annoncé de la dernière table ronde du lendemain. En réalité, tout le programme de ces universités avait été conçu pour conduire les participants sur un chemin de réflexion afin d’engranger différents points de vue et prendre conscience des différentes facettes que devra recouvrir cette réforme. C’est ainsi que furent ensuite abordés l’orthodontie et ses enjeux face à la pénurie, la professionnalisation des étudiants et le rôle du maître de stage, le projet Campus E-Endo, l’Europe et l’université française et enfin, la formation continue.
Le temps des tables rondes
Pour chacune de ces tables rondes, les intervenants ont porté une vision parfois, mais pas toujours, convergente et répondu aux interrogations de la salle. Le rôle et la mission du maître de stage, trait d’union entre le savoir académique et la pratique professionnelle, a par exemple fait l’objet d’un long débat. Outre la transmission, outre la pratique, il est apparu comme un tremplin pour découvrir, hors les murs de l’hôpital, l’intérêt de l’exercice hors des zones surdotées. Aux étudiants réticents en raison des contraintes liées à leurs déplacements – exemple fut donné d’une région qui avait cessé la gratuité des transports en commun –, plusieurs praticiens libéraux ont vanté l’importance du compagnonnage. Finalement, tous se sont accordés sur l’importance de la formation pédagogique, l’encadrement administratif et la rémunération des maîtres de stage pour multiplier leur recrutement.
Lors de la table ronde portant sur l’université française et l’Europe, il a été rappelé que, faute de moyens et de places accordées dans les facultés françaises, plus de 50 % des nouveaux installés de l’Hexagone ont acquis leur diplôme dans un autre pays de l’Union… Et parmi eux, nombreux sont de nationalité française ! Face à ce constat, les enseignants-chercheurs n’ont pas manqué de se rebiffer en faisant valoir que l’université française avait ambition de maintenir une haute exigence médicale de la profession dentaire et surtout des frais d’études minimaux, loin des 15 000 euros annuels des facultés ou écoles privées étrangères. Mais acquérir cette excellence nécessite du temps d’apprentissage…
Le temps des plaidoyers
Outre les tables rondes, les participants ont également entendu deux plaidoyers qui ne les ont pas laissés de marbre. Si celui sur la création d’une spécialité de pédodontie, délivré par Sibylle Vital et Caroline Delfosse, vice-doyen du département d’odontologie-UFR3S de l’Université de Lille a majoritairement convaincu l’assistance, celui sur la spécialité de parodontologie a reçu un accueil plus dubitatif. Dans les deux cas, la demande principale, la crainte principale de l’assistance, était que la création de ces spécialités n’ampute pas les capacités professionnelles, ni ne détourne les omnipraticiens de la délivrance de ces soins au plus grand nombre. L’idée de devenir un simple omnipraticien aiguilleur vers des spécialistes exclusifs a peu séduit les praticiens libéraux présents ! Cette crainte fut entendue et tous les intervenants ont précisé que seuls les cas extrêmes devaient être orientés vers le spécialiste disposant de la compétence et l’expérience nécessaires, comme cela est déjà le cas pour l’orthodontie. Cela requiert toutefois pour l’omnipraticien une connaissance de ses limites et d’accepter la prise en charge de cas banals.
Le temps de la discussion
Acmé de ces universités, le samedi matin a vu le bon ordonnancement inversé puisque c’est de la tribune que sont venues les questions. En effet, au cours des deux jours précédents, étaient présents dans le public trois inspecteurs généraux de l’éducation du sport et de la recherche, venus entendre les participants s’exprimer sans filtre. Leur présence était d’une grande importance puisqu’ils ont la charge de la rédaction d’un rapport sur la réforme de la R3C des formations en odontologie. Après avoir présenté leur mission, ils ont donné la parole à l’ensemble des étudiants, praticiens et enseignants pour enrichir leur réflexion. Ces universités étaient donc une aubaine pour mieux comprendre les aspirations de chacun. Véritable succès, elles ne pouvaient se terminer sur un simple au revoir sous le soleil devenu brillant de la Méditerranée. Pierre-Olivier Donnat a donc invité chacun à participer à la rédaction d’un manifeste dont l’objectif sera de synthétiser les désidératas de tous afin de définir une réforme des études dentaire, de raffermir les liens entre praticiens et enseignants-chercheurs et de garantir l’excellence de la profession au service des patients pour les vingt prochaines années !
Les partenaires incontournable
Un tel événement ne peut se faire sans l’aide de quelques sponsors, partenaires réguliers des CDF. Ils sont venus à la rencontre des praticiens et des étudiants pour leur faire profiter d’offres spécifiques. Le LCL et Créfident ont tenu un stand comme Oral B, AG2R La Mondiale, Gacd, Alara et Gaïa recevant à chaque pause de nombreuses visites.