L’EBD 2.0 est officiellement entré en vigueur le mardi 1er avril.

Quelle date cruelle pour un dispositif aussi ambitieux qui se voit ainsi, du fait d’une invraisemblable série d’impérities politiques, confondu avec une très mauvaise farce !

Tout commence en juin 2023, en pleine négociation conventionnelle, quand l’État a choisi de faire porter sur le seul secteur dentaire une hausse du ticket modérateur de 30 à 40 %, en transférant de la sorte cette charge financière sur les assurances complémentaires, au motif que l’augmentation des affections de longue durée provoque mécaniquement une hausse de la part prise en charge par l’AMO au détriment de la part prise en charge par les AMC.

Ce funeste signal du désengagement de l’Assurance maladie de la santé orale, s’est accompagné quelques semaines plus tard de l’annonce du coportage financier du dispositif « génération sans carie » avec les organismes complémentaires. En clair, l’investissement dans la prévention bucco-dentaire, axe majeur de la convention de 2023, a été assorti d’un nouveau transfert massif de financement vers les contrats complémentaires santé ! En sortant ainsi, même partiellement à hauteur du ticket modérateur, du giron universel, équitable et accessible à tous, de la couverture unique à 100 % du régime obligatoire, la prévention en santé orale a vu ses principes fondamentaux gravement menacés.

Plus grave encore a été l’imposition dogmatique pour l’EBD et les soins associés, d’une dispense d’avance de frais avec deux payeurs distincts, AMO et AMC. Le péril, dénoncé dès cette époque, est devenu une menace essentielle pour l’efficacité même de ce dispositif préventif.

En lieu et place d’un tiers payant coordonné avec payeur unique de type C2S, l’usine à gaz d’un double système de paiement faisant intervenir l’Inter-AMC, organisme privé dénué de toute délégation de service public, a fait basculer en zone de danger une mission majeure de santé publique. De simple et efficace, le système a été inutilement complexifié, pour devenir un véritable cauchemar opérationnel pour les praticiens, pour leurs éditeurs de logiciels, ainsi que, c’est un comble, pour un très grand nombre de complémentaires non préparées à ces nouvelles obligations, qui pataugent toutes dans un épouvantable imbroglio. Pire encore, du côté de l’Assurance maladie, il a été impossible de tenir les délais, notamment quant à la mise à disposition des éditeurs, des modules d’intégration des données de l’EBD aux logiciels métier, obligeant les praticiens, du moins provisoirement, à un fastidieux remplissage des données sur Amelipro.

Cultivant la méthode Coué, l’Assurance maladie nous a toutefois répété à l’envi depuis des mois, alors que s’accumulaient les retards et les obstacles cruciaux de tous ordres, que tout allait bien et que tout serait prêt au 1er avril ! Quelle ironie ! À confondre vitesse et précipitation, cette échéance improbable ne pouvait signer qu’un échec de mise en oeuvre !

 

 

 

 

Pierre-Olivier Donnat

PRÉSIDENT CONFÉDÉRAL

Politique

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