Les URPS Chirurgiens-dentistes méritent davantage une écoute attentive des ARS qu’une supervision financière, mais surtout, elles aspirent à une clarification de leurs missions et de leurs compétences.
Dans son rapport publié récemment, la Cour des comptes délivre ses prescriptions pour traiter les maux réels ou supposés des URPS, imposées par la loi HPST* depuis 2011, à dix professions de santé.
Au sujet de celles représentant notre profession, le remède de la Cour se fonde sur une diète drastique puisqu’elle propose une « péréquation interprofessionnelle », en clair que les contributions obligatoires des chirurgiens-dentistes à ces structures soient partagées avec d’autres professions moins bien loties ou, à défaut, que leurs ressources financières soient divisées par 3.
La potion prescrite semble sévère, tant elle se fonde sur des constats très isolés et éloignés des réalités. Focalisée exclusivement sur deux ou trois de ces structures régionales, donc sélectionnées à dessein, la Cour a choisi de jeter le bébé avec l’eau du bain !
Les turpitudes « gestionnelles » de l’URPS Chirurgiens-dentistes d’Ile-de-France épinglées par ce rapport, qui étaient de notoriété publique et avaient maintes fois été dénoncées par les CDF, ont hélas masqué les travaux remarquables et exemplaires menés dans les régions où des élus compétents, responsables et avisés ont répondu aux missions des URPS.
Ne voulant prendre en considération que des cas singuliers, avec une observation tronquée des actions menées en région, et par une curieuse lecture des spécificités de notre profession, les « sages de la rue Cambon » ont fait mine d’ignorer que la majorité de leurs observations et griefs ne sont que les fruits d’une loi mal conçue ou à tout le moins inadaptée.
Un mode de scrutin à la proportionnelle, devenu l’outil unique de mesure de la représentativité conventionnelle des syndicats, ne pouvait que conduire à des difficultés de gouvernance. Les relations institutionnelles erratiques constatées, en particulier avec les ARS, ne reflètent que les insuffisances ou parfois même le désintérêt de ces dernières en matière de santé orale. Et les dispositions comptables aujourd’hui contestées ont été certifiées pendant 12 ans par des auditeurs légaux sur la base des règles en vigueur.
Il faudra bien plus qu’une analyse incomplète, fondée sur des observations erronées, pour lancer enfin le débat sur l’amélioration de l’organisation régionale de santé dans laquelle les chirurgiens-dentistes doivent prendre toute leur part. Afin de satisfaire à l’injonction de la Cour « d’apporter une plus-value au système de soins », les URPS Chirurgiens-dentistes méritent davantage une écoute attentive des ARS qu’une super -vision financière, mais surtout, elles aspirent à une clarification de leurs missions et de leurs compétences.
Pierre-Olivier Donnat
Président des CDF
*Loi du 21 juillet 2009, portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires, dite loi HPST.