“Combler le trou des déficits en creusant les inégalités […] ne sera jamais la solution.”
Elle est répétée à l’envi depuis des mois… Même un gouvernement, celui de Michel Barnier, a trébuché sur le sujet et fini censuré par l’Assemblée nationale. Face aux déficits publics abyssaux, la quête aux milliards est lancée. Aux grands maux, les grands remèdes portent les noms de réindustrialisation, de croissance et bien sûr d’économies à tous les étages.
Aucun voile pudique ne peut plus aujourd’hui masquer la couleur écarlate des comptes de l’Assurance maladie. La question de trouver de nouvelles sources de financement et d’économie est donc posée. Faudra-t-il augmenter les cotisations sociales et la pression fiscale dont la France s’est arrogé le titre de championne du monde ? Les organisations patronales proposent au contraire de les baisser ou même de supprimer la CSG et la CRDS sur les salaires et revenus des indépendants. 100 milliards pourraient ainsi être redistribués pour que le travail paie mieux.
Augmenter les salaires, riche idée ! Mais il faudra bien compenser la perte de collecte ! Plusieurs solutions cumulatives sont alors proposées comme une contribution accrue sur les retraites, sur la transmission du patrimoine, sur l’épargne et même le réveil du serpent de mer de la TVA sociale. L’idée de nouveaux champs de collecte, de nouveaux taux différenciés, séduit de plus en plus les collecteurs d’impôts.
Lors de sa dernière et très longue intervention télévisée, le Président de la République a répondu aux propositions des organisations patronales de façon « originale » en proposant une grande conférence sur le financement de la protection sociale. Lors de ce nouveau grand « tout », il nous faudra être extrêmement vigilants à ce que la prise en charge des soins que nous délivrons ne soit pas mise à l’encan des assurances complémentaires et continue à relever du régime universel de protection sociale obligatoire. Nous avons dénoncé à l’époque la hausse du Ticket modérateur comme un premier désengagement de l’Assurance maladie de la santé orale. Nous dénoncerons toutes nouvelles tentatives de faire des économies sur les soins dentaires.
Combler le trou des déficits des comptes publics en creusant les inégalités et en fracturant la société française avec un accès aux soins dentaires à deux vitesses ne sera jamais la solution.
En absorbant un tiers du produit intérieur brut (PIB) français, le financement de la protection sociale est incontournable dans les débats actuels. Tous les regards se portent sur la consommation de soins et de biens médicaux (CSBM) qui s’élève à près de 9 % de la valeur de tous les biens et services produits dans notre pays sur une année. Si l’on s’appuie sur la définition internationale de la dépense courante de santé (DCSi), on approche alors les 12 % du PIB.