« Notre système est un modèle unique, né de l’héritage d’un déni de financement historique. »
L’agitation qui secoue le corps médical autour de la menace d’un encadrement du secteur 2 et d’une limitation des dépassements d’honoraires nous offre, une fois de plus, l’occasion de marteler une vérité fondamentale : les “dépassements d’honoraires” n’existent pas dans la chirurgie dentaire libérale conventionnée.
Notre système est un modèle unique, né de l’héritage d’un déni de financement historique.
Au cours de l’année 2024, 82 % des actes réalisés par les chirurgiens-dentistes et facturés à l’Assu rance maladie étaient des actes opposables (soins de tous ordres, radios, consultations). Aucune liberté tarifaire n’est possible pour ces actes dont les honoraires sont malgré tout souvent incompatibles avec le fonctionnement d’un cabinet dentaire, en dépit des quelques progrès récents.
Pour les 18 % restants, les trois quarts sont des actes pour lesquels un plafond d’honoraires est appliqué, constituant ainsi un encadrement strict et une reconnaissance tarifaire.
Ce que l’on nomme à tort “dépassements” dans le domaine dentaire, est en réalité l’exercice d’une liberté tarifaire concédée par les pouvoirs publics eux-mêmes et désormais contrainte par des plafonds négociés dans le cadre d’un accord conventionnel. C’est l’incapacité à assumer la juste valeur des actes bucco-dentaires qui a amené l’État à ouvrir la voie aux honoraires libres sur une partie de notre activité.
Aujourd’hui, la réalité de nos cabinets s’articule autour de trois réalités, dont la seule constante est le désengagement de l’État.
• Un remboursement obligatoire abaissé à 60 % qui stigmatise la profession par rapport aux autres professions médicales.
• Des actes opposables qui n’ont réellement progressé que pour les plus jeunes (génération sans carie), créant un clivage générationnel et laissant de côté 70 % de la population française.
• Une liberté tarifaire installée en 1980 pour permettre une évolution légitime des tarifs et qui est dorénavant plafonnée pour 75 % des actes de prothèse.
Dans le contexte politique et économique actuel, il est important de rappeler ce fait et de répéter inlassablement qu’il n’y a pas de dépassements d’honoraires dans le domaine dentaire. Nombreuses sont les régulations déjà en place ; toutes pèsent sur l’attractivité de l’exercice libéral qui constitue pourtant la clé d’un maillage territorial indispensable pour répondre aux besoins de soins.
Édito du CDF Mag n°2145 du 11 décembre 2025