Face aux disparités préoccupantes dans la formation des étudiants en odontologie au sein de l’Union européenne, le Conseil des dentistes européens (CED) appelle à une action urgente. Son président, Freddie Sloth-Lisbjerg, plaide pour un renforcement des exigences cliniques, un enjeu crucial pour la qualité des soins, la sécurité des patients et l’indépendance des professions libérales de santé.
Une formation inégale qui met en péril la qualité des soins
Dans une interview accordée au CDF Mag, Freddie Sloth-Lisbjerg partage son inquiétude sur les exigences européennes de formation clinique, aujourd’hui jugées obsolètes.
« Les différences entre les diplômes en odontologie dans l’Union européenne, ainsi que les disparités en matière de formation clinique, sont depuis plusieurs années une source de préoccupation majeure pour le CED. Nous avons souligné le caractère obsolète de l’annexe V de la directive européenne sur les qualifications professionnelles et la nécessité d’y intégrer des compétences, savoir-faire et techniques contemporaines. »
Des propositions concrètes pour les professions libérales
Le CED formule plusieurs propositions pour homogénéiser la formation initiale des chirurgiens-dentistes et la qualité de l’exercice :
- Un minimum de 5 à 6 semestres de formation clinique sur patients.
- Une distinction claire entre étudiants opérateurs et observateurs.
- Une année de pratique clinique encadrée après le diplôme, avant l’exercice en libéral.
« Nous sommes favorables à un renforcement des exigences de formation clinique tout au long du cursus d’odontologie, ainsi qu’à l’intégration, si nécessaire, d’une formation professionnelle dans des cabinets accrédités avant l’autorisation d’exercice en cabinet libéral. »
Préparer les jeunes professionnels à la réalité du terrain
Au-delà de la formation initiale, Freddie Sloth-Lisbjerg attire l’attention sur la nécessité de mieux préparer les jeunes praticiens à l’installation en libéral :
« De nombreuses zones rurales manquent de dentistes, mais les jeunes diplômés hésitent à s’y installer car ils se sentent peu préparés à gérer seuls un cabinet dans des zones où le personnel et les confrères manquent. »
Cet enjeu de répartition équilibrée des professionnels de santé est également au cœur des préoccupations des CDF.
Le CED, une voix forte pour les professionnels libéraux en Europe
Depuis sa création en 1961, le CED défend les intérêts des chirurgiens-dentistes européens. Il joue un rôle de veille, d’alerte et d’influence auprès des institutions européennes sur les sujets touchant à la santé bucco-dentaire et à l’exercice dentaire.
« Nous avons dialogué directement avec les députés européens et la Commission pour exposer nos inquiétudes sur la formation, la reconnaissance des qualifications et la pénurie de professionnels. Nous avons apprécié leur soutien. »
Le CED suit également de près les enjeux liés aux dispositifs médicaux, à la santé numérique et à la gestion des ressources humaines dans le secteur de la santé.
« Nous continuerons à rappeler cette vérité : sans santé, un pays peut s’effondrer. »