Les Chirurgiens-Dentistes de France (Les CDF) publient les résultats d’une enquête menée auprès de 375 praticiens, portant sur les conditions de maternité dans l’exercice libéral. La maternité reste aujourd’hui une véritable épreuve d’équilibriste pour les femmes dans leur milieu professionnel, et les femmes chirurgiens-dentistes sont particulièrement touchées. C’est pourquoi face aux nombreuses difficultés pour les praticiennes libérales encore trop peu soutenues dans leur parcours parental, les CDF demandent une habilitation législative à négocier une indemnité maternité dans le cadre conventionnel.
Congé maternité et remplacement
Si le congé maternité reste un droit, il est souvent écourté par les femmes chirurgiens-dentistes, faute de soutien financier loin d’être au niveau du poids du plateau technique et faute de remplacement efficace. Le congé paternité reste, quant à lui, mieux intégré dans l’organisation masculine, bien qu’il reste court et encore peu fréquent.
À l’arrivée d’un enfant, très peu de praticiennes peuvent adapter leurs conditions de travail : les contraintes liées à la gestion d’un cabinet, l’isolement professionnel et les lourdes charges fixes de leur exercice en cabinet rendent cet aménagement très difficile, en particulier chez les trentenaires. Trouver un remplaçant reste une problématique de taille pour une grande majorité d’entre elles (66% estiment qu’il leur a été difficile de trouver un remplaçant), en particulier pour celles qui exercent en tant que collaboratrices libérales (31% d’entre elles ne sont pas remplacées). De plus, lorsqu’un remplacement est trouvé, une majorité de praticiennes constate que les charges du cabinet ne sont pas compensées.
Un impact direct sur les parcours de vie
Les praticiennes interrogées estiment à 75% que le fait de vouloir un enfant interfère dans le projet professionnel. Plus d’un tiers de l’échantillon déclare avoir reporté leur projet d’enfant, ou pire ne plus l’envisager, pour ne pas compromettre leur installation ou leur carrière. La maternité est ainsi vécue comme un élément à prendre en compte dans le parcours professionnel. À l’inverse, les hommes interrogés expriment davantage de liberté dans la conciliation entre paternité et activité professionnelle.
Des attentes fortes, une urgence d’agir
Face à cette réalité et à ces chiffres déconcertants, les praticiennes expriment un besoin clair: un meilleur accompagnement, une protection renforcée pendant leur congé maternité, une meilleure reconnaissance du coût réel de la maternité en exercice libéral, et surtout, des solutions concrètes pour garantir la pérennité de leur activité sans sacrifier leur vie familiale. Des mesures structurelles doivent donc être prises pour garantir l’égalité, la sécurité et la continuité d’activité des chirurgiennes-dentistes libérales, au service de la santé buccodentaire. En effet, la perte d’activité et les enjeux financiers projetés constituent un frein à l’installation libérale, véritable clé d’un maillage territorial efficient, et compromet ainsi l’accès aux soins pour la population.
À l’heure où l’accès aux soins est une préoccupation essentielle pour tous concitoyens, Les CDF continuent de porter ce dossier pour que soient prises des mesures fortes facilitant le congé maternité des chirurgiennes-dentistes libérales.