Un gel des revalorisations qui échauffe les esprits
CDF Mag 2126-2127 du 3-10 juillet 2025

Plus de 5 000 soignants libéraux ont manifesté mardi 1er juillet à Paris, malgré une chaleur caniculaire, pour dénoncer le gel de la revalorisation de leurs honoraires et les mesures d’économies imposées à la suite de l’alerte du comité de suivi de l’ONDAM (Objectif national de dépenses d’Assurance maladie) qui identifie un risque de dépassement supérieur à 1,3 milliard d’euros dû au secteur hospitalier.
Mardi 1er juillet, une large masse de professionnels de santé libéraux se sont retrouvés devant les Invalides avant de se rendre à pied, avenue de Ségur, au ministère de la Santé. Ce rassemblement organisé par le collectif #SoignantsTrahis – regroupant 13 syndicats de professionnels de santé libéraux – a fait converger kinésithérapeutes, médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes qui, bravant la chaleur étouffante du début d’été, ont hurlé leur exaspération. La raison de leur colère : le gel de revalorisations tarifaires, pourtant prévues de longue date conventionnellement, ainsi que des mesures d’économies supplémentaires imposées aux pharmaciens libéraux. Le prétexte du Gouvernement : l’alerte du comité de suivi de l’Ondam pointant un déficit abyssal de l’hôpital avec un dépassement supérieur à 1,3 milliard d’euros.
Parole reprise
« À quoi bon faire des contrats s’ils ne sont pas respectés ? », s’est interrogé Catherine Mojaïsky, ancienne présidente des Chirurgiens-Dentistes de France (les CDF), devant les journalistes venus rendre compte de cette manifestation. À l’aide de slogans percutants – maintes fois repris par les médias – tels que : « Ne mordez pas la main de ceux qui vous soignent » ou encore « Nous ne sommes pas des bouche-trous », elle leur a expliqué que, certes, si seuls les spécialistes de chirurgie orales étaient impactés, qu’en serait-il demain des omnipraticiens pour lesquels des revalorisations sont prévues par la convention dentaire ? Les CDF craignent que les revalorisations d’actes dentaires, prévues pour 2026 et 2027, soient également reportées pour le même motif, le déficit de la branche hospitalière !
Une trahison conventionnelle
Au-delà de la question financière, les manifestants dénoncent surtout un mépris des professionnels de santé libéraux, considérés comme boucs émissaires et variable ajustable du budget de l’Assurance maladie. Selon eux, ces décisions découragent les jeunes professionnels de s’installer en libéral et aggravent de facto la désertification médicale.
Sous le mot d’ordre fédérateur « Des tarifs décents pour une santé de qualité », inscrit sur ballons géants et banderoles, les soignants ont tenu à rappeler que les dérives budgétaires ne leur étaient pas imputables. Pour eux, ce gel est une sanction injuste qui remet en cause le dialogue avec l’État et les contrats signés à l’issue de longues négociations. Ils ont l’impression d’être les « dindons de la farce » en acceptant hier des contraintes contre des promesses de revalorisations qui jamais ne s’appliquent… Selon eux, c’est un modèle de soins de proximité déjà fragilisé qui menace de disparaître étouffé par un déficit de l’hôpital pour lequel aucune réforme d’économie n’est envisagée… Après avoir fait le pied de grue devant le ministère pendant quelque temps, les manifestants se sont dispersés après que le ministre de la Santé a aimablement écouté une délégation sans lui apporter de réponse.