Les initiatives de cabinets dentaires mobiles sont louables et pleines de bonnes intentions car c’est une belle idée de rapprocher les soins des personnes qui en sont éloignées. Mais elles ne doivent pas pour autant ouvrir la voie à une dentisterie sans garantie absolue de sécurité des soins. Les véhicules, spécialement équipés, misent le plus souvent sur la bonne volonté de praticiens retraités et/ou d’étudiants plus ou moins volontaires. Sous couvert d’expérimentation, un certain nombre d’aménagements avec la règlementation rendent ces projets possibles pour la satisfaction des patients et de leur famille même si aucun suivi à long terme ne peut être assuré.
Ainsi, une de ces expérimentations vient d’obtenir un avis favorable du Comité technique de l’innovation en santé (CTIS) pour sa généralisation alors qu’elle ne garantit pas la sécurité des patients concernant la maîtrise du risque infectieux.
Dans ce cabinet dentaire mobile, embarqué dans un camion aménagé, la décontamination et la stérilisation du matériel de soins sont confiées à un secrétaire qui, aussi formidable soit-il, n’est pas formé à la maîtrise du risque infectieux. À cela s’ajoute l’exposition du salarié lui-même à un risque pour sa propre sécurité. L’apprentissage par compagnonnage ou tuto sur internet ne fait pas pour autant un professionnel qualifié !
En France, la stérilisation est une tâche technique qui ne peut être réalisée que par une personne qualifiée et formée comme nos assistants ou aides dentaires. Ces derniers ont d’ailleurs une obligation de formation continue en maîtrise du risque infectieux et sont soumis à des obligations vaccinales spécifiques, soulignant l’importance de leur rôle dans la prévention des infections.
Les cabinets mobiles sont souvent destinés aux patients les plus fragiles, comme les résidents en EHPAD, pour qui la moindre infection courante (comme les gastro-entérites) peut avoir des répercussions majeures.
Dans les expérimentations en cours et dans la perspective d’une généralisation de ces cabinets itinérants, il est impératif que la sécurité sanitaire ne fasse l’objet d’aucune dérogation pour ne pas revenir à une dentisterie ambulante peu glorieuse.
Alain Vallory
SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DES CDF
“L’apprentissage par compagnonnage ou tuto sur internet ne fait pas pour autant un professionnel qualifié ! “