Les CDF rencontrent Aurore Bergé

 
 

CDF Mag n°2118-2119 du 1er au 8 mai 2025

 
Le 14 avril dernier, une délégation des CDF a rencontré la Ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations. Au menu de la discussion figuraient l’égalité de traitement des praticiennes libérales pendant leur grossesse, les violences aux cabinets, tant vis-à-vis du praticien que parmi les patients et l’assistant dentaire de niveau 2. Un rendez-vous essentiel qui prouve l’écoute dont peuvent bénéficier les CDF.

Ils se sont donné rendez-vous rue saint Dominique à Paris, au numéro 55, devant le ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations. Ils, c’est-à-dire, Marie Tourterel, vice-présidente des CDF, Marc Bouziges, président du Pôle Entreprise libérale, accompagné d’Anne-Espérance Godlewski membre du même Pôle, et Charlotte Teyssier d’Orfeuil, déléguée générale des CDF. Ensemble, le 14 avril 2025, ils ont franchi les portes du Petit Hôtel de Monaco, gravi l’escalier puis serpenté dans les couloirs avant d’aboutir dans une vaste salle de réunion où l’huissier qui les avait guidés les abandonna. Là, Émilie Chandler, directrice adjointe de cabinet chargée du plan « Toutes et tous égaux » et Yaëlle Reynaud, conseillère chargée de la Lutte contre les violences et la traite des êtres humains, les invitèrent à s’assoir en attendant que madame la Ministre, Aurore Bergé, conventionnés vint les rejoindre. Elle ne tarda pas à le faire, d’ailleurs. Alors, comme un seul homme ou une seule femme, la délégation des CDF se leva, salua et la remercia de l’opportunité qui lui était donnée de lui faire part, de vive voix, des préoccupations des chirurgiens-dentistes qu’elle représentait.

La maternité, enjeu d’attractivité

Rappelant tout d’abord que la profession rajeunit et se féminise (48,4 % en 2023), ils ont demandé une habilitation législative pour négocier une compensation maternité dans le cadre conventionnel à l’instar des médecins qui bénéficient, depuis 2017, d’un avantage supplémentaire maternité. Anne-Espérance lui a ainsi rappelé que les femmes chirurgiens-dentistes ne bénéficient pas d’une égalité de traitement avec les médecins qui ont obtenu un dispositif conventionnel couvrant leurs charges fixes pendant le congé maternité.

À chaque discussion, entre 2017 et 2022, à l’Assemblée nationale ou au Sénat sur l’amélioration du congé maternité des professionnels de santé libéraux, le principal argument pour le repousser reposait sur une estimation du taux de remplacement des revenus des PAMC*, erronée. Selon les CDF, la méthode de calcul est biaisée car elle compare revenu de remplacement et revenu moyen sans prendre en compte les charges professionnelles qui continuent de courir. Finement, Aurore Bergé leur a fait remarquer que les chiffres qui lui étaient présentés ne prenait pas en compte le nombre de cas où la praticienne était remplacée par un confrère ou une consoeur ! La délégation CDF s’est engagée à le lui fournir très rapidement, tout en lui rappelant également que trouver un remplaçant dans une zone sous-dotée relevait du voeu pieux… et qu’il ne fallait donc pas s’étonner que leurs jeunes confrères hésitent à investir ces territoires !

La lourdeur de l’administration

L’argument a-t-il fait mouche ? On peut l’espérer car aussitôt, Aurore Bergé a invité les CDF à contacter les rapporteurs généraux de la commission des affaires sociales au Sénat (Elisabeth Doineau) et à l’Assemblée nationale (Thibault Bazin) pour les alerter sur le sujet bien avant le PLFSS pour 2026. La cordialité de la discussion a permis de poursuivre en évoquant tous les tracas administratifs auxquelles sont soumises les praticiennes enceintes. Anne-Espérance lui fit une quasi liste à la Prévert, évoquant tour à tour : le manque de communication de l’Ursaff sur la possibilité de lisser les charges pendant le congé maternité, les délais invraisemblables de versement de l’indemnité de congé maternité (de 2 semaines à 6 mois, avec une moyenne de 12 semaines), des échanges avec les caisses primaires d’Assurance maladie souvent complexes et même le blocage par l’administration de la demande faite par le conseil national de l’Ordre de modification du code de Déontologie des chirurgiens-dentistes pour autoriser le remplacement partiel… Attentive, la ministre s’est engagée à faire le relais auprès de Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée de l’Assurance maladie et à charger Émilie Chandler, sa directrice adjointe de cabinet d’identifier le point de blocage de la demande du CNO… Marc Bouziges en a alors profité pour souligner que les indemnités journalières (IJ) votées par la CARCDSF, le 10 février 2023 pour les femmes chirurgiens-dentistes-dentistes et sages-femmes enceintes, étaient toujours dans l’attente d’un décret d’application !

Former à détecter la violence

Cependant, pour Aurore Bergé, cette réunion n’avait pas pour seul objectif de recueillir les doléances des chirurgiens-dentistes. Elle avait aussi pour but de transmettre à la délégation le message qui constitue la colonne vertébrale de son action : les violences faites aux femmes. Le sujet a donc été abordé et s’est révélé parfaitement partagé sous tous ses différents aspects : praticiens, patients… La délégation CDF lui a d’ailleurs demandé la création de cabinets de garde pour garantir la sécurité des soignants et l’indemnisation d’une seconde personne dans le cabinet lors des gardes afin de dissuader et de protéger. Aurore Bergé a par ailleurs fortement incité les praticiens à repérer les violences familiales dans les cabinets dentaires en leur demandant d’interroger directement les patients et plus particulièrement les enfants et les femmes qui sont davantage victimes de violences lors de leur grossesse. L’examen bucco-dentaire « femmes enceintes » est apparu comme le moment idéal… Mais oser poser une question, même à une patiente de longue date, n’est pas chose facile ! Il a donc été convenu qu’un rapprochement avec le formateur agréé au ministère pour dispenser des formations via CDF Formations devait être envisagé et programmé. Arrivant au terme de cette longue discussion, un dernier sujet porté par Marie Tourterel a été abordé : l’importance de la reprise des travaux sur le dossier des assistants dentaires de niveau 2, toujours en attente d’un véhicule législatif pour le débloquer ! Hasard heureux des planètes, dès le lendemain, les CDF étaient invités à une réunion par la Direction générale des soins sur ce même sujet…

Les grands esprits se rencontrent toujours !

Politique

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