Le verdict est tombé le 27 juillet sous le soleil de plomb de Saint-Raphaël. La cité varoise accueillait la finale de Miss Provence. Sur les quatorze candidates, il ne devait en rester qu’une. Et ce fut Adélina Blanc, 25 ans, chirurgien-dentiste de son état. La jeune femme originaire d’Eyragues dans les Bouches-du-Rhône l’a vécu comme un drôle de moment. Ce jour-là, elle arborait la panoplie parfaite de princesse : paillettes et robe de tulle, escarpins et couronne. « Il y a quelques années encore, personne n’aurait parié sur ce scénario, rapporte-t-elle. J’étais ce qu’on peut appeler un garçon manqué. »
Du garçon manqué à Miss Provence
Les lignes ont commencé à bouger à l’adolescence. La beauté, la télé, les célébrités et les grandes heures de YouTube la font Guillemain progressivement s’intéresser à des univers plus glamours. « Je regardais Miss France sans imaginer que j’y participerais un jour, répète celle qui passe alors une grande partie de son temps à courir, danser, monter à cheval… Je suis issue d’une famille de sportifs. J’ai testé de nombreuses disciplines, mais je garde une grande passion pour l’équitation et, plus encore, pour les chevaux. » Au fil du temps, elle se découvre un autre « dada » : la mode. Le Salonais Jacquemus et la Britannique Victoria Beckham font partie des stylistes qui peuplent son panthéon de la mode. « C’est une femme remarquable qui a su s’imposer au-delà du statut de super star du football de son mari », explique le Dr Blanc qui défend la femme moderne qui s’impose et assume de front vie personnelle et carrière. Une image compatible avec Miss France ?
En finir avec les clichés
Pour beaucoup, le rendez-vous cathodique où des candidates défilent en maillot de bain incarne une vision rétrograde de la femme. « Je peux comprendre cet a priori, mais c’est méconnaître ce concours qui a su évoluer au fil des ans, souligne Adélina Blanc. Il y a une ouverture à des profils, des physiques, des parcours de vie différents. » D’ailleurs, à tout juste 25 ans, Miss Provence bénéficie d’un changement majeur du règlement : la fin de la limite d’âge. Avant 2022, Miss France devait avoir entre 18 et 24 ans, être célibataire, sans enfant ni tatouage. Le concours qui se veut plus inclusif a fait disparaître ces critères et s’ouvre même aux femmes transgenres. Seule demeure l’obligation de faire plus d’1,70 m. « Je suis contente de concourir à 25 ans, avec du recul, une certaine maturité et des études bouclées, souligne celle qui figure parmi les doyennes du concours.
Une petite revanche sur la vie
La jeune femme prend l’expérience Miss France comme une opportunité. « Hier encore, j’ai passé une journée à Marseille dans un bus qui sensibilise les femmes au cancer du sein, raconte-t-elle. Demain, je suis en shooting photo. » C’est aussi un défi. « Si je concours, c’est pour gagner, souligne la compétitrice qui, au détour d’une anecdote, admet que ce concours est aussi une petite revanche sur la vie. J’ai été moquée quelques années dans les cours d’école. J’ai eu une croissance tardive et j’avais un an d’avance. Ça forge le caractère ! Aujourd’hui, je suis armée et entourée pour affronter la critique. Lorsque l’on se lance dans l’aventure Miss France, on s’y expose. »
Son autre force, dit-elle, c’est son aisance en toute circonstance. « Je suis un caméléon, aussi à l’aise à jouer les palefreniers, à défiler sur une scène en robe de soirée ou à prendre soin de mes patients. » Une capacité à s’adapter qui lui vient de son tempérament, mais aussi de son histoire familiale.
Soigner et agir vite
Il y a un ancrage agricole côté paternel. Et des ouvertures internationales du côté maternel. Elle s’explique : « J’ai passé une partie de mon enfance au Cameroun et à Jakarta, en Indonésie. Ma mère est ingénieure. Elle effectuait alors des missions à l’étranger. C’est une fenêtre géniale sur le monde. L’Indonésie cultive sa diversité. Changer de région dans ce pays, c’est presque changer de monde ! Ça apprend à s’adapter à la culture, au rythme, à la météo… et à moins se plaindre. J’ai aussi compris ce qu’étaient la misère et la douleur des corps qui ne sont pas soignés au Cameroun. Toutes les populations n’ont pas accès aux soins. »
Adélina Blanc n’a alors que 7 ans, mais elle restera marquée par cette étape africaine. « Cela a très probablement joué dans mon choix de carrière, admet le chirurgien-dentiste. Je voulais travailler dans la santé et pouvoir agir vite. La dentisterie permet de soulager la douleur de façon assez rapide. C’est une vraie satisfaction pour moi de voir un patient libéré de sa souffrance. » L’omnipraticienne a mis sa carrière sur pause pour quelques mois, mais elle compte bien reprendre le chemin de la dentisterie, si la victoire lui échappe, le 16 décembre prochain. D’ailleurs, avis aux chirurgiens-dentistes de la région Paca : le Dr Blanc cherche une collaboration dans les environs !